La maladie du motoneurone chez le cheval

Les équidés peuvent souffrir de maladies qui touchent leur système nerveux. Même si ces maladies sont peu fréquentes, elles n’en sont pas moins graves et méritent que l’on s’y attarde. La maladie du motoneurone équin fait partie de ces pathologies du système nerveux central qu’il est important de connaître.

Une maladie neuro-dégénérative


La maladie du motoneurone équin a été identifiée la première fois en 1990 aux Etats Unis. Elle provoque des lésions progressives et irréversibles des cellules nerveuses du cerveau et de la moelle épinière des chevaux adultes. C’est ce que l’on appelle une maladie neurodégénérative.

La maladie endommage les cellules qui sont impliquées dans le mouvement musculaire. Ce processus les rend défaillantes et entraîne une atrophie musculaire.

La maladie du motoneurone touche les régions cervicales (cervico-thoracique) et dorsales (lombo-sacrée) de la moelle épinière. Elle touche en particulier la partie de la moelle épinière appelée corne ventrale. C’est cette partie où les motoneurones supérieurs interagissent avec les motoneurones inférieurs. Ces mêmes neurones envoient en temps normal des signaux de la moelle épinière aux muscles, aux glandes, aux organes et à d'autres tissus.

Cette maladie chez le cheval est similaire à ce qui se produit chez les humains atteints de sclérose latérale amyotrophique (SLA) plus communément appelée Maladie de Charcot.

Quels chevaux sont concernés ?


La maladie du motoneurone concerne généralement les chevaux âgés de 15 mois à 25 ans indépendamment de leur sexe. 
Certaines races telles que le Quarter Horse et le Pur-Sang sont davantage susceptibles de développer cette maladie pour des raisons indéterminées à ce jour.

Des cas de maladie du motoneurone ont été signalés dans des pays du monde entier. 

Les signes cliniques


Tout d’abord, il faut préciser que le cheval atteint présente des motoneurones morts ainsi que des motoneurones vivants qui dysfonctionnent. 

Généralement, les signes cliniques sont apparents lorsque les chevaux ont perdu environ 30 % de leurs motoneurones. 

Les signes cliniques courants de la maladie sont :

  • Faiblesse progressive
  • Atrophie et fonte musculaire symétrique
  • Perte de poids
  • Position anormale des membres postérieurs qui se positionnent sous l'abdomen
  • Contractions musculaires et tremblements
  • Durée excessive en position allongée
  • Transfert du poids sur l’arrière-main
  • Déplacement à foulées courtes
  • Port de tête et d’encolure bas
  • Position surélevée de la tête de la queue
  • Décoloration de la surface intérieure de l'œil
  • Transpiration
  • Comportement d'hypervigilance


Des propriétaires de chevaux atteints rapportent que la perte de poids a précédé les tremblements musculaires. Parfois, les tremblements et les transferts de poids vers l’arrière-main ne se produisent pas de façon constante, mais l’atrophie musculaire est très visible.

Il est important de savoir que l'ataxie n'est pas une caractéristique clinique de cette maladie. Les chevaux atteints ne présentent pas un manque de proprioception consciente, c’est-à-dire qu’ils savent où sont leurs pieds dans l'espace. 

 Maladie du motoneurone equin
Cheval atteint de la maladie du motoneurone.

Les causes de la maladie du motoneurone chez le cheval


A ce jour, les causes de la maladie ne sont pas encore complètement identifiées et comprises. Cependant, il apparait qu'une carence alimentaire en vitamine E soit le facteur prédominant qui contribue à cette maladie chez le cheval.

La maladie de motoneurone survient chez les chevaux à la suite d’un apport insuffisant et prolongé en vitamine E. Cette carence prolongée entraîne des dommages oxydatifs aux cellules des motoneurones.
 
Une étude menée aux Etats Unis à l'Université Cornell a permis de conforter la thèse du rôle de la carence en vitamine E dans la maladie du motoneurone. Les chercheurs ont nourri 11 chevaux avec des régimes carencés en vitamine E sur une période moyenne de 38 mois.  Sur les 11 chevaux qui ont reçu ce régime, 10 d’entre eux ont développé la maladie du motoneurone. 

La vitamine E chez le cheval


La vitamine E est une vitamine liposoluble. Elle est l’un des nombreux nutriments antioxydants qui protègent les cellules des molécules nocives appelées radicaux libres.

Les antioxydants neutralisent les radicaux libres pour les empêcher de causer des dommages. La vitamine E aide à bloquer ce processus. 
Les chevaux couvrent leur besoin en vitamine E lorsqu’ils ont accès aux pâturages. Ils stockent cette vitamine dans le foie et leur tissus adipeux pour l'utiliser en cas d'apport alimentaire insuffisant.

La vitamine E se dégrade rapidement dans le foin coupé. C’est pour cette raison que les chevaux dont le régime alimentaire est presque exclusivement à base de foin ont un faible apport en vitamine E.

En outre, les chevaux qui ont accès à l’herbe bien verte et riche reçoivent probablement suffisamment de vitamine E. Ainsi, ils peuvent utiliser leur réserve en hiver ou à d’autres périodes où l’accès aux pâturages est limité.

Les chevaux qui restent longtemps sans accès au pâturage peuvent donc développer une carence qui peuvent les conduire à développer la maladie du motoneurone.

Cependant, la maladie du motoneurone survient aussi chez des chevaux présumés en bonne santé qui ont accès aux pâturages.  A ce propos, les recherches suggèrent que certains chevaux peuvent être individuellement prédisposés à la maladie. 

Le diagnostic


Si vous constatez les symptômes cités plus haut, il faut faire intervenir un vétérinaire très rapidement. Il existe d’autres pathologies neuromusculaires (notamment la myéloencéphalopathie à EHV1 rhinopneumonie forme nerveuse) qui doivent être exclus lors du diagnostic de la maladie du motoneurone.

Le diagnostic repose sur les antécédents médicaux du cheval, une évaluation physique et neurologique, des signes cliniques et des résultats de tests de laboratoire.

Des analyses sanguines sont réalisées pour déterminer le taux sanguin (plasmatique) de vitamine E du cheval. Le vétérinaire peut en complément rechercher des anomalies dans les taux d'autres nutriments dans le sang.

Une biopsie musculaire est effectuée au niveau du muscle de la tête de la queue du cheval. Ce tissu contient une proportion élevée de fibres qui sont principalement touchés par la maladie.

Le traitement


Il est essentiel de diagnostiquer très rapidement la maladie du motoneurone chez le cheval. En effet, un traitement administré de façon très précoce peut aider à ralentir la progression de la maladie chez certains chevaux.

A ce jour, le seul traitement disponible pour cette maladie consiste à augmenter le taux de vitamine E dans l'organisme du cheval.
Le cheval doit pouvoir accéder à des pâturages verts. Comme vu en début d’article, l'herbe verte fraîche est une source naturelle de vitamine E pour les chevaux. Cependant, une supplémentation peut être nécessaire pour les chevaux n'ayant pas accès à des pâturages verts afin d'augmenter le taux de vitamine E dans leur organisme.

L’administration d’un supplément de d-alpha-tocophérol, la forme la plus active biologiquement de vitamine E est très efficace car il s’agit d’une forme naturelle.

Quel pronostic pour le cheval ?


Le pronostic est très mauvais concernant un retour à la performance sportive. Environ 20 % des chevaux atteints voient leur état se détériorer conduisant à l'euthanasie. 

Chez environ 40% des chevaux, les signes cliniques se stabilisent, mais ils ne retrouvent pas de masse musculaire et présentent des anomalies de la démarche. Chez ces chevaux, l'euthanasie est commune en un an. 

Les 40% des chevaux restants montrent une amélioration après traitement à la vitamine E et peuvent retrouver une masse musculaire. Ces chevaux peuvent rester stables durant un laps de temps d’un à six ans ou plus ; toutefois, beaucoup d’entre eux rechutent ce qui entraine une euthanasie. Il est important de préciser que la rechute est associée à un retour à l'exercice, à l'entraînement et à la compétition.

Tous les chevaux atteints de cette maladie ne sont plus aptes à être monté et à faire de l’exercice.
 
Certains chevaux diagnostiqués avec cette maladie peuvent se stabiliser suffisamment pour vivre une vie de qualité mais l’exercice leur est interdit. 

Les chevaux atteints et diagnostiqués suffisamment tôt peuvent montrer une amélioration significative des signes cliniques dans un délai de quatre à six semaines. Pour cela, ils doivent être transférés dans des grands pâturages bien verts et riches et/ou recevoir des suppléments de vitamine E. 

La clé reste la prévention


La meilleure façon de prévenir la maladie du motoneurone est d'apporter suffisamment de vitamine E dans l'alimentation du cheval. 

Pour augmenter l'apport en vitamine E de votre cheval il faut :

  • Donner accès à des pâturages verts et riches.
  • Distribuer un complément de vitamine E si votre cheval mange uniquement du foin (cheval au box ou vivant dans des régions peu fournies en herbe bien verte et riche)
  • Complémentez toujours le cheval avec des formes naturelles de vitamine E (d-alpha-tocophérol), qui sont absorbées plus efficacement que la vitamine E synthétique
  • Faire appel à un nutritionniste équin pour vous aider à déterminer la quantité de vitamine E que votre cheval reçoit par jour.


Étant donné que la cause de la maladie du motoneurone n’est pas entièrement comprise, la supplémentation en vitamine E ne garantit pas de prévenir complètement la maladie.

Il faut donc rester vigilant face aux premiers signes de la maladie du motoneurone équin et consultez immédiatement le vétérinaire si votre cheval présente des signes d’un trouble neurodégénératif.

Les maladies chez le cheval sont nombreuses et les frais vétérinaires qui en découlent sont souvent très importants. Pour vous aider dans ces moments, nous vous conseillons de souscrire une assurance santé pour votre cheval.

Faire face aux dépenses de santé de votre cheval, c’est garder l’esprit serein et savoir que vous aurez la capacité de lui offrir les soins nécessaires.

Réaliser mon devis en ligne

Une question ? contactez-nous !

05 53 47 31 36  Nous écrire

Être rappelé dans la journée (Horaires bureau)