Le choix de la castration d’un cheval est une décision qui peut parfois effrayer les propriétaires de chevaux entiers. Il s’agit d’un acte médical très fréquent et bien maîtrisé par les vétérinaires. Il existe différentes techniques que nous allons vous expliquer dans cet article.
La castration chez le cheval est envisagée pour diverses raisons. Il est important de savoir qu’elle n’a pas d’impact sur le développement physique, physiologique et comportemental du poulain ou du jeune cheval.
Le choix est motivé par le refus de mettre son cheval à la reproduction et ainsi éviter les contraintes liées au mode de vie d’un cheval entier. En effet, le cheval entier demande des infrastructures adaptées avec des clôtures suffisamment hautes et renforcées qui le dissuadent et l’empêchent d’accéder aux juments qui vivent près de lui.
Peu de pensions acceptent les entiers surtout pour un mode de vie au près et même en pension box/paddock. La cohabitation avec des hongres peut très bien se passer mais souvent elle est très compliquée et peut mener à des accidents comme des morsures sévères, des fractures pour ne citer qu’elles.
Dans la grande majorité des cas, dans les pensions ou écuries les entiers sont isolés dans des paddocks ou sont confinés dans leurs boxes. Trouver une pension ou une écurie est donc un vrai parcours du combattant pour les propriétaires de chevaux entiers. De plus, garder un cheval entier conduit souvent à lui imposer des conditions de vie qui vont à l’encontre de ses besoins et de son bien-être. Le mal être chez le cheval inclus entre autres une absence de liens sociaux avec ses congénères.
Un cheval de sport gardé entier peut voir ses performances affectées en concours par une surexcitation et une déconcentration. De ce fait, les entiers sont souvent plus compliqués à gérer dans le quotidien. En effet, leur tempérament parfois délicat les rend difficilement manipulables et ils nécessitent d’être confiés à des professionnels ayant une grande expérience.
Bien sûr, il ne faut pas faire de généralité et certains entiers ont un comportement exemplaire mais c’est parce qu’ils ont reçu très tôt une bonne éducation et que leur bien-être global est respecté.
D’une manière générale, la castration doit s’imposer dans de nombreux cas. Certains chevaux doivent être écartés de la reproduction en raison de problèmes de conformations, de pathologies héréditaires diverses, d’instabilités émotionnelles ou de caractères difficiles, etc. Il n’y a aucun intérêt à faire reproduire de tels individus surtout lorsque leurs descendances risquent d’hériter de leurs pathologies.
La castration est également nécessaire lorsqu’une anomalie anatomique est remarquée sur l’un ou l’autre des deux testicules : cryptorchidie uni- ou bilatérale (cheval dit PIF dont l’un ou les deux testicules ne sont pas descendues), monorchidie (1 seule testicule) , tumeur testiculaire, hernies inguinales ou scrotales, traumatismes graves, torsion du cordon spermatique.
En règle générale, la castration chirurgicale est réalisée entre les 18 et 24 mois du cheval mais techniquement il est possible de le faire sur des poulains de quelques jours comme sur des chevaux de 20 ans. Il est cependant important de savoir que plus le cheval sera castré tardivement plus l’imprégnation hormonale sera importante.
Certains éleveurs font le choix de castrer leurs poulains mâles de façon précoce, c’est-à-dire a quelques jours de vie. Concernant cette castration juvénile, une étude a été réalisée sur deux lots de 11 poulains, le premier castré à un âge inférieur à une semaine et le deuxième castré à l’âge de 18 mois. Ces 2 lots ont été suivis de leur naissance à leurs trois ans avec un suivi pondéral, morphologique et comportemental.
Chaque mois, ces différents paramètres morphométriques ont été mesurés et enregistrés pour ces deux lots jusqu’à l’âge de huit mois, puis tous les trois mois jusqu’à l’âge de deux ans et enfin tous les six mois jusqu’à l’âge de trois ans : le poids corporel, la hauteur au garrot, le périmètre thoracique, la hauteur du membre antérieur (mesurée depuis la pointe du coude jusqu’au sol), la largeur des hanches, des épaules et de l’os canon.
Tous les animaux ont été soumis à un test de tempérament à l’âge d’un an, pour nous assurer de l’absence d’effets secondaires de la chirurgie pédiatrique, et avant leur sortie du troupeau soit à l’âge de trois ans, pour évaluer les éventuels effets interférant avec l’utilisation future de l’animal. La réactivité à l’humain, la sensibilité sensorielle, la grégarité, la peur de l’inconnu et de la soudaineté, et l’activité ont été mesurées selon des tests référencés et robustes (source IFCE). Ces données comparatives ont permis de conclure qu’aucune différence de développement morphologique et comportemental n’a pu être relevée dans les deux lots.
En fonction de différents paramètres, le vétérinaire dispose de plusieurs techniques pour castrer le cheval. L’âge, la race, le comportement du cheval mais aussi d’autres paramètres sont pris en compte par le vétérinaire.
La castration peut se faire debout sous sédation et anesthésie locale ou bien couché, sous anesthésie générale.
Une castration doit être réalisée dans un endroit le plus propre possible a domicile et parfois obligatoirement en clinique suivant la technique utilisée.
Il est fortement conseillé de faire castrer son cheval en dehors des périodes estivales en raison de la présence d’insectes comme les mouches qui peuvent être source d’infections de la plaie.
Castration d'un cheval avec la technique de la pince à castrer. Photo Isabelle Kilcoyne
La pince à castrer est une technique très utilisée pour obtenir l’hémostase et le retrait du testicule. La pince dans un premier temps comprime le vaisseau qui irrigue le testicule pour éviter les saignements, puis dans un second temps permet de couper le cordon testiculaire. Il est possible d’y associer une suture des bourses après retrait des testicules pour éviter l’éventration. Cette technique peut être réalisée à domicile, elle nécessite une sédation et une anesthésie locale.
La castration par plaie ouverte peut s’effectuer à domicile. Elle est réalisée après un nettoyage minutieux et une désinfection du scrotum avant incision. Le testicule est dégagé et émasculé et les incisions cutanées sont laissées ouvertes pour favoriser le drainage. Il s’agit d’une technique rapide qui peut être réalisée debout ou sous anesthésie générale, à domicile ou en clinique équine. Cette technique implique que le cheval marche durant la phase post-opératoire pour favoriser le drainage. L’équidé peut reprendre le travail une fois les plaies refermées soit environ 2-3 semaines après l’intervention.
Cette technique est indiquée pour les chevaux jusqu’à 5 ans, au-delà le risque d’éventration est augmenté. Il existe un risque de saignement et d’infection plus important qu’avec une technique fermée.
La castration chirurgicale par plaie fermée s’effectue uniquement en clinique vétérinaire équine dans un bloc opératoire. Une fois le testicule retiré, les incisions cutanées sont suturées, ce qui permet une meilleure récupération post opératoire et un retour au travail plus rapide. Bien que plus onéreuse, cette technique diminue les risques de saignement ainsi que les risques d‘éviscération. Elle est la technique préconisée pour les chevaux dès 5 ans, les chevaux ayant déjà fait la monte ou ceux possédants de gros cordons testiculaires.
Bien que ces techniques soient maitrisées et relativement bénignes, certaines complications peuvent se présenter.
Le risque d’œdème qui peut être chaud et douloureux et signifier une infection du scrotum et du fourreau qui peut se transformer en péritonite ou infection généralisée. Le cheval est généralement gonflé les 3 premiers jours puis l’œdème doit diminuer. S’il persiste, qu’il est chaud et douloureux il faut absolument appeler son vétérinaire.
Le risque d’hémorragie durant l’intervention mais les vétérinaires savent le maîtriser. Ce risque peut se produire aussi en post-opératoire et le vétérinaire doit réintervenir. D’où l’importance de surveiller de près le cheval les 6 premières heures puis toutes les 4 heures durant les 24h qui suivent.
Le risque infectieux est possible d’où une surveillance accrue en post opératoire et des soins appropriés. Il est fortement conseillé de prendre la température du cheval 3x/jour et de surveiller son état général.
L’éventration et la hernie inguinale bien que rares sont des complications très graves puisqu’elles peuvent mettre la vie du cheval en danger. Il s’agit d’une urgence vitale qui nécessite une réintervention d’urgence en clinique au bloc opératoire. Si cela se produit, il est conseillé d’envelopper les organes dans un drap propre que l’on noue au-dessus du dos du cheval, ainsi les organes ne touchent pas le sol. Puis le transfert en clinique doit être immédiat.
Bien entendu les risques liés à l’anesthésie et au couchage de l’équidé ne sont pas à négliger.
Après l’intervention, le vétérinaire donne les conseils nécessaires de surveillances et indique les gestes d’hygiène de la plaie à faire sur le cheval. Le cheval doit être surveillé de près durant sa convalescence.
Les signes anormaux comme un manque d’appétit, des coliques, des diarrhées, une constipation, de la fièvre, un état léthargique, etc. doivent être signalés immédiatement au vétérinaire.
La castration est un acte très rependu est bénin qui comporte des risques relativement maîtrisés. Le vétérinaire choisi au cas par cas la meilleure technique pour chaque cheval et pour assurer sa sécurité.
La maladie, les accidents et les interventions chirurgicales font partis de la vie du cheval et de son propriétaire. Outre le stress et l’angoisse que cela représente pour les propriétaires de chevaux, l’aspect financier est à prendre en considération.
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