Ulcères gastriques chez le cheval    

Ulcères gastriques chez le cheval                 

L’ulcère gastrique est une pathologie insidieuse et malheureusement trop fréquente dans la population équine.
Elle concerne les chevaux de tous âges, toutes races et de toutes disciplines. Loin d’être anodine, cette affection équine très fréquente entraîne des conséquences parfois graves sur la santé et le bien-être de nos compagnons équins.

Dans cet article, Hipassur vous plonge au cœur de cette problématique en explorant les facteurs de risque, les symptômes, le diagnostic, les traitements et les moyens de prévention.

Anatomie et physiologie de l'estomac du cheval

Pour bien comprendre l’origine des ulcères gastriques, il faut connaitre l’anatomie particulière de l'estomac du cheval mais aussi sa physiologie. L’estomac du cheval est relativement petit, il a une contenance de 8 à 15 litres selon les individus. Il est composé de deux zones distinctes :

  • La région squameuse (non glandulaire) : Elle recouvre environ un tiers de la surface interne de l'estomac. Cette zone ne produit pas d’acide gastrique.
  • La région glandulaire : Elle occupe les deux tiers restants de l’estomac de l’équidé. Cette partie est riche en glandes sécrétant diverses substances nécessaires à la digestion et la protection de la muqueuse : 
  • L'acide chlorhydrique (HCl) : Essentiel à la décomposition des aliments, il crée un environnement très acide dans l'estomac.
  • La pepsine : Une enzyme protéolytique qui débute la digestion des protéines.
  • Le mucus : Une substance visqueuse qui forme une barrière protectrice contre l'acidité et les enzymes digestives.
  • Le bicarbonate : Un tampon alcalin qui neutralise l'acidité au contact de la muqueuse glandulaire.

La particularité de la physiologie digestive du cheval est la sécrétion quasi continue d'acide chlorhydrique, indépendamment de l'ingestion d'aliments. Dans la nature, le cheval passe une grande partie de sa journée à brouter, ce qui permet une production constante de salive (riche en bicarbonate) qui tamponne l'acidité gastrique. D’autre part, la présence continue de fibres alimentaires forme un "tapis" protecteur dans l'estomac.

ULCERE GASTRIQUE DES CHEVAUX

Schéma de l'estomac d'un cheval qui montre ses deux partie distinctes Crédit Certivet.com

 

Un équilibre fragile

Les ulcères gastriques se forment lorsque l'équilibre délicat entre les facteurs agressifs (principalement l'acide chlorhydrique et la pepsine) et les mécanismes de protection de la muqueuse gastrique est rompu. Il existe plusieurs raisons qui perturbent cet équilibre.

  • Une exposition prolongée de la région squameuse à l'acidité : En l'absence de tampon salivaire et de tapis alimentaire, la muqueuse non glandulaire est directement exposée à un environnement acide corrosif qui entraine des lésions.
  • Une altération des mécanismes de protection de la région glandulaire : Un stress chronique, certains médicaments (notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens - AINS), ou des facteurs infectieux sont susceptibles de compromettre la production de mucus et de bicarbonate. Ce qui a pour conséquence de rendre la muqueuse glandulaire davantage susceptible aux dommages.
  • Un reflux du contenu acide de la région glandulaire vers la région squameuse : Des contractions gastriques anormales ou une vidange gastrique retardée sont des facteurs qui favorisent le reflux d'un contenu très acide vers la zone non protégée.
  • Les facteurs liés au stress : Le stress, qu'il soit physique (entraînement intensif, transport, compétition) ou psychologique (isolement, changements d'environnement), joue un rôle majeur dans la perturbation de la physiologie gastrique et l'augmentation de la production d'acide.

 

Les différents types d'ulcères gastriques

On distingue principalement deux types d'ulcères gastriques chez le cheval selon leur localisation.

On parle de EGUS (Equine Glandular Ulcer Syndrome) car il affecte la muqueuse glandulaire de l'estomac. Les causes sont souvent multifactorielles et peuvent inclure le stress, l'utilisation d'anti-inflammatoire non stéroïdien, des infections bactériennes (notamment Helicobacter pylori, bien que son rôle exact chez le cheval soit encore à l’étude), et des troubles de la motilité gastrique. Les ulcères glandulaires peuvent être plus difficiles à traiter que les ulcères squameux.

ESGD (Equine Squamous Gastric Disease) lui concerne la muqueuse squameuse non glandulaire. Il est souvent associé à des facteurs liés à la gestion et à l'entraînement du cheval, tels que les périodes de jeûne prolongées, une alimentation riche en concentrés et pauvre en fibres, un entraînement intense, le stress du transport et de la compétition.

Les chevaux peuvent souffrir de l’un ou de l’autre type tout comme des deux types.

 

Beaucoup de chevaux concernés par les ulcères gastriques

Les ulcères gastriques sont une affection qui touchent énormément de chevaux. Les études épidémiologiques sur le sujet révèlent des chiffres préoccupants.

Chez les chevaux de course la prévalence peut atteindre 80 à 90%. Le stress intense de l'entraînement, les régimes alimentaires spécifiques et les périodes de jeûne avant les courses contribuent à ce taux élevé.

Chez les chevaux de sport et de loisir la prévalence varie considérablement en fonction de la discipline et de la gestion, mais se situe généralement entre 30 et 60%. Le stress lié à l'entraînement, aux compétitions, aux transports et aux changements d'environnement est un facteur clé.

Les poulains sont aussi concernés par les ulcères gastriques avec une prévalence rapportée allant de 25 à 50%. Le stress du sevrage, les infections et les traitements médicamenteux peuvent jouer un rôle dans leur survenue.

ULCERE GASTRIQUE DU CHEVAL

Les chevaux de courses sont particulièrement sujets aux ulcères gastriques.  Crédit photo Keith Luke pour Unsplash

Des études pour mieux comprendre les causes

Des recherches récentes continuent d'affiner la compréhension de cette pathologie pour mieux l’appréhender :

  • Une étude publiée en 2023 dans le Journal of Veterinary Internal Medicine a mis en évidence une corrélation significative entre la durée du transport et la sévérité des ulcères squameux chez les chevaux de compétition. Les chevaux transportés pendant plus de 8 heures présentaient des lésions ulcéreuses plus importantes.
  • Une autre étude de 2024 parue dans Equine Veterinary Journal a exploré l'impact du type de fourrage sur la santé gastrique des chevaux. Les chevaux nourris avec un fourrage à longues tiges et distribué en plusieurs petits repas présentaient une incidence significativement plus faible d'ulcères squameux par rapport à ceux recevant un fourrage haché en une seule distribution quotidienne.
  • Des recherches se penchent également sur le rôle du microbiote intestinal dans la susceptibilité aux ulcères gastriques. Des déséquilibres dans la composition bactérienne pourraient influencer la production d'acides gras à chaîne courte (AGCC), qui ont un effet protecteur sur la muqueuse.
  • Les études continuent d'évaluer l'efficacité de différentes stratégies de prévention. Parmi ces stratégies nous retrouvons l'utilisation de tampons gastriques, de compléments alimentaires à base de probiotiques et de prébiotiques, et l'optimisation des pratiques de gestion du cheval.

 

Reconnaitre les signes cliniques

Les symptômes des ulcères gastriques chez le cheval peuvent être variés et parfois subtils. Les signes les plus fréquemment observés incluent :

  • Une perte d'appétit ou une prise alimentaire capricieuse : Le cheval peut hésiter à manger, laisser des restes dans sa mangeoire ou montrer une préférence pour certains aliments.
  • Une perte de poids et un mauvais état général : Le cheval a du mal à maintenir son poids malgré une alimentation en apparence suffisante. L’aspect de son poil et de ses crins devient terne.
  • Des coliques légères et un changement d’aspect des crottins : Le cheval présente des épisodes de douleurs abdominales de faible intensité. Ces épisodes de coliques chez le cheval doivent vraiment alerter les propriétaires. Les crottins peuvent devenir mous.
  • Une baisse des performances et des réticences au travail : Le cheval peut manifester une baisse d'énergie, une sensibilité lors sanglage, une difficulté à engager les postérieurs ou un inconfort lors de la flexion. Les séances de travail sont pénibles et douloureuse pour lui et il peut l’exprimer par des comportements de rétivité.
  • Des grincements de dents (bruxisme) : Ce phénomène est typiquement un signe de douleur abdominale chez les équidés. Il est à prendre au sérieux.
  • Une salivation excessive : En réponse à l'irritation de la muqueuse gastrique, le cheval produit beaucoup plus de salive.
  • Des changements de comportement : Le cheval devient irritable voir agressif lors de certains gestes comme le brossage sous le ventre ou au moment de le sangler. Il bâille fréquemment surtout quand vient le moment des repas.

Il faut être très prudent car certains chevaux atteints d'ulcères gastriques peuvent ne présenter aucun signe clinique évident. Des signes mêmes légers doivent faire état d’une consultation vétérinaire.

Le diagnostic

Le diagnostic définitif des ulcères gastriques repose sur un examen qui s’appelle la gastroscopie. Cet examen consiste à introduire un endoscope (une caméra flexible fixée à un long tube) par les naseaux du cheval jusqu'à l'estomac. Ainsi le vétérinaire visualise directement la muqueuse gastrique et peut identifier la présence, la localisation et la sévérité (grade) des lésions ulcéreuses.

La gastroscopie nécessite de mettre le cheval sous jeûne alimentaire d'au moins 12 heures pour vider l'estomac et permettre une bonne visualisation. La sédation du cheval est généralement nécessaire pour assurer son confort et la sécurité de l'examen.

La gastroscopie reste l'outil diagnostique de choix pour confirmer de façon certaine la présence d’ulcères gastriques chez le cheval et leur stade de gravité.

 

Les traitements des ulcères gastriques chez les équidés

Le traitement des ulcères gastriques consiste à diminuer l'acidité gastrique, à protéger la muqueuse et à favoriser la cicatrisation des lésions. Les principales classes de médicaments utilisées comprennent :

  • Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : Comme chez l’homme, l'oméprazole (Gastrogard®) est le médicament de référence. Il agit en bloquant la production d'acide chlorhydrique dans l'estomac. Il crée un environnement moins agressif qui permet la guérison des ulcères. Sous forme de pate, il se distribue une fois par jour et se montre très efficace. Son inconvénient reste son prix relativement élevé.
  • Les antagonistes des récepteurs H2 de l'histamine : La ranitidine et la cimétidine réduisent également la production d'acide, mais leur efficacité est généralement inférieure à celle des IPP.
  • Les antiacides : Des substances comme l'hydroxyde d'aluminium ou le carbonate de calcium peuvent neutraliser temporairement l'acidité gastrique, mais leur effet est de courte durée et ils sont souvent utilisés en complément d'autres traitements.
  • Le sucralfate : Cet agent protecteur de la muqueuse forme un pansement sur les ulcères, le but étant de les protéger de l'acidité et favoriser leur cicatrisation.

Le traitement doit toujours être prescrit et suivi par un vétérinaire, en fonction du type, de la localisation et de la sévérité des ulcères. La durée du traitement peut varier de quelques semaines à plusieurs mois selon les cas.

 

La prévention

Seule la prévention permet de réduire considérablement le risque de développement d'ulcères gastriques chez le cheval. Elle repose sur l'optimisation des pratiques de gestion du cheval et la réduction des facteurs de stress :

Une alimentation fréquente et continue doit être mis en place. Permettre au cheval d'avoir un accès quasi constant à du fourrage de bonne qualité (foin à longues tiges) stimule la production de salive et forme un tapis protecteur dans l'estomac. Pour rappel, le fourrage est l’aliment principal du cheval, il faut donner 1,5 à 2.5 kg pour 100kg de poids vif par jour au cheval.

La distribution des concentrés en plusieurs petits repas est fortement recommandée. On évite ainsi la prise de grandes quantités de céréales en une seule fois car cela augmente l'acidité gastrique. Il est nécessaire de donner le foin avant la ration de concentré afin que le cheval produise un maximum de salive puis de mucus.

La vie en extérieur, au pré avec des congénères est à favoriser. L’environnement et le respect du bien-être du cheval ont un impact direct sur sa santé et par conséquent sur la prévention des ulcères gastriques. Garder le cheval au box n’est absolument pas recommandé, il lui faut au minimum des sorties quotidiennes au paddock avec du fourrage à volonté et de l’eau fraiche.

ULCERE GASTRIQUE DES EQUIDES

Une vie au pré avec des congénères et du fourrage permet de nettement diminuer les risques d'ulcères gastriques chez le cheval Crédit Photo @EsthelQueheille

Réduire le stress en minimisant les changements d'environnement, assurer des interactions sociales positives, éviter l'isolement, l’écarte du risque de développer des ulcères. Instaurer un planning d’entrainement adapté aux capacités du cheval et en respectant au moins 2 jours de repos dans la semaine est indispensable.

Dans la mesure du possible il est recommandé de limiter la durée des transports. Conduire prudemment, offrir du fourrage et de l'eau pendant les pauses et assurer une ventilation adéquate permet de diminuer le stress du cheval durant le transport.

Il faut veiller à l’utilisation des AINS et ne les administrer que sous prescription vétérinaire et en respectant la posologie recommandée.

Certains compléments à base de bicarbonate, de calcium, de probiotiques et de prébiotiques peuvent aider à soutenir la santé gastrique, mais leur efficacité doit être évaluée individuellement et en concertation avec le vétérinaire.

Respecter tous ces critères de prévention permet d’éviter les ulcères gastriques à votre cheval. Il ne faut pas sous-estimer la gravité de cette affection. De plus, les couts du diagnostic et des traitements sont souvent assez élevés.

N'hésitez jamais à consulter votre vétérinaire au moindre doute ou signe suspect, car un diagnostic et un traitement précoces peuvent faire une différence significative sur la qualité de vie de votre cheval.

 

Offrir une vie et des soins de qualité à son cheval

Les propriétaires de chevaux sont de plus en plus nombreux à se soucier de la santé de leurs compagnons et leur offrir des conditions de vie qui respectent leur bien-être et leur santé. 

Les soins vétérinaires sont parfois nécessaires pour soigner le cheval malade et l’aider à retrouver son bien-être. Il est alors judicieux et prudent de souscrire une assurance santé pour votre cheval car les factures vétérinaires peuvent vite atteindre de grosses sommes d’argent.

Chez Hipassur nous proposons plusieurs formules d’assurances santé pour votre cheval. Elles s’adaptent à vos besoins et à votre budget pour que vous puissiez vivre sereinement auprès de votre cheval.

Notre équipe est entièrement composée de cavaliers et de propriétaires de chevaux, ce qui lui permet de vous conseiller mais aussi de vous comprendre.

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